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Histoire de la musique dans le culte Judéo-Chrétien

Histoire de la musique dans le culte Judéo-Chrétien
Un coup d’œil historique

Depuis son origine, de la traversée de la Mer Rouge jusqu’à aujourd’hui, le peuple de Dieu a toujours adoré le moyen de la musique et des danses (Exode 15 : 1, 20). Ces derniers furent tantôt pratiquées, tantôt négligées voire même supprimées du culte bien que les Écritures ordonnent à plusieurs endroits de les pratiquer à la louange de Dieu (Psaume 150).

Le roi David fut particulièrement utilisé par Dieu lors d’un réveil spirituel quand il régnait sur Israël (1000 avant J.Christ) pour réformer et organiser le service sacré. Vingt-quatre classes de chantres dirigés par Asaph, Héman, et Jeduthun furent instituées pour exalter Dieu et pour prophétiser. La louange devint alors plus expressive, plus gestuelle et la place de la musique plus considérable et plus importante. Elles s’exécutaient avec plus d’ampleur dans le culte. Au moment de la dédicace du temple, 120 sacrificateurs ont sonné de la trompette accompagnée de cymbales, de luths et de harpes. La trompette et la cymbale sont, encore de nos jours, perçues comme les instruments les plus puissants de l’orchestre. On peut donc s’imaginer le nombre de décibels relâchés pour glorifier Dieu au point que la nuée remplit le temple et que les sacrificateurs ne purent demeurer sur les lieux pour achever le service. Gloire à Dieu! 2 Ch. 5 :12-14

Pour l’Église primitive, il semble évident que le premier souci des apôtres n’était pas d’innover dans l’art musical mais bien de fonder des églises et d’établir la doctrine du Christ. Cependant, pour observer cet enseignement, notamment, celle de l’eucharistie, les chrétiens doivent ajouter une deuxième partie au culte de la synagogue qu’ils célébraient ensemble dans leurs maisons tout en continuant de se réunir avec les autres juifs pour la première partie.

1 Cor. 14 :26, Ep. 5 :19 et Col. 3 :16 nous décrivent un peu ce qui se passait lors de ces rencontres maisons et nous font connaître trois types de chants : les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels. Les psaumes consistent en chants juifs traditionnels consignés dans le livre portant le même nom. Ils étaient beaucoup plus souvent chantés que les deux autres catégories. Ceci ne nous suggère-t-il pas de chanter d’avantage les Écritures? Les hymnes sont des compositions contemporaines souvent utilisées pour promouvoir la doctrine. Il est possible que certains passages des épîtres de Paul en contiennent (Ep. 1 :3-14, Ph. 2 :6-11, Col. 1 :13b-15, 1 Tim. 3 :17, 2 Tim. 2 :11-13).


Quant à eux, les cantiques spirituels ressemblent à des chants improvisés et spontanés soufflés par le Saint-Esprit soit en louange, comme dans le passage de Luc 1 :46 à propos de Marie et dans ceux du livre de l’Apocalypse (Apo. 5 :9-10, 15 :3-4), soit en prophétie comme dans le cas de Zacharie, père de Jean-Baptiste, cité dans Luc 1 :68-79. Il faut remarquer que c’est lorsqu’ils furent remplis du Saint-Espril qu’ils se mirent à chanter des « chants nouveaux ».

Il est difficile de savoir si l’Église primitive utilisait ou non les instruments de musique. Il est possible qu’elle fit, tout comme les juifs, un rapprochement païen qu’elle tentait d’éloigner. Mais en aucun endroit ceci n’apparaît dans le nouveau testament même que certains textes de l’Apocalypse montrent que la louange céleste est accompagnée de la harpe (Apo. 5 :8 ; 14 :2 ; 15 :2 et Luc 15 :25).

Il semble certain que les Pères de l’Église croyaient que Dieu ne pouvait être adoré que par la voix humaine et pour cette raison, ils allèrent même jusqu’à fonder des écoles dans le but d’entraîner les chantres dans le service ecclésiastique. Ce style, sans instrument, donna lieu au fil des années à un répertoire appelé : « chants grégoriens » (600-1000) d’après le nom du pape Grégoire le grand (546-604). Au cours du XI siècle, l’orgue fit son apparition dans l’Église, et ce, non sans contestation. Progressivement, les instruments furent réintégrés dans l’Église et l’harmonie fit son apparition jusqu’au XVI Siècle où le tout s’exécutait avec extravagance.

La naissance de nouvelles religions protestantes entraîna les réformateurs Martin Luther (1483-1546), Huldreich Zwingli (1484-1531) et Jean Calvin (1509-1564) à instaurer une nouvelle liturgie et par ce fait un nouveau répertoire musical. Parmi les luthériens, on traduisit des hymnes catholiques, on rédigea de nouveaux textes à d’anciennes mélodies ou vice-versa et l’on composa des chorals strophiques. Luther, lui-même un joueur de luth et de flûte traversière, composa 37 chorals dans la langue vernaculaire du peuple afin de leur communiquer le salut. Il voulait faire participer la congrégation dans le chant de se devait donc de choisir un répertoire simple et accessible.

Pour cette raison, il abandonna la polyphonie bien qu’il aimait ce style. On chantait a capella à cause de la pratique commune de l’époque. Bien que l’orgue existait, Luther semble plutôt le déprécier, peut-être à cause du son primitif qu’il produisait à cette époque.

Les intentions réformatrices de Zwingli n’incluaient aucun regret, comme Luther, pour la liturgie romaine qui devait être complètement abandonnée. Il est le seul réformateur qui s’efforça d’écarter la musique en sanctionnant même la destruction de tous les orgues suisses. En 1525, il abolit la musique pour le rite de Zurich et la remplaça par la récitation antienne de psaumes et de cantiques, mais avant la fin du siècle, Zurich laissa tomber son exclusion de la musique.

Jean Calvin, à cause de sa croyance en la totale dépravation de l’homme, voulait que tout, incluant la musique, soit scruté à la loupe. Il désapprouvait l’adjonction de tout accompagnement d’instruments de musique car il les qualifiait d’inutiles pensant qu’ils ne servaient qu’à embellir le chant. De plus, il qualifiait la musique de trompeuse dans le sacrifice de louange. Il disait aussi que l’Église n’approuvait pas les instruments, ce n’était pas à cause de leur nature mais plutôt à cause de l’abus que l’on en faisait. Il préconisa donc un chant de louange simple et pur dans la langue vernaculaire. Il justifie les nombreuses présences des instruments dans les Écritures valides seulement pour l’Ancien Testament. On peut déduire de son enseignement que si elle est pour Dieu, elle se doit d’être modeste et que la meilleure façon d’atteindre ces but est par le chant monophonique sans accompagnement.

Dans toute l’histoire, il est clair que la musique, avec ou sans accompagnement, a toujours joué un rôle important dans le culte et que chaque réveil s’est accompagné d’une production notable et originale de musique. Plusieurs théologies et approches ont été proposées, mais les Écritures seules et non l’histoire doivent servir de modèle à l’Église contemporaine car elle est la parole de Dieu. En ne se fiant qu’à l’histoire, où se situerait le standard infaillible, parmi le temple, l’Église primitive, Grégoire le Grand, Luther, Zwingli et Calvin?

André Favreau

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